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Saison 4 (2023) du balado conscient
Claude Schryer

(note : cette illustration de ma conjointe Sabrina me représente en train de nager à notre chalet. Cela me rappelle que nous nageons souvent en amont dans ce travail. L’esquisse ressemble aussi à des ondes sonores).
Note : Une version en anglais de cet article est disponible sur : xx
Reconnaissance territoriale
Je reconnais que je vis, que j’apprends et que je désapprends sur le territoire non cédé et non soumis de la Nation algonquine Anishinabe, dont la présence dans la région d’Ottawa remonte à des temps immémoriaux. Cette reconnaissance est aussi un engagement à donner suite aux nombreuses recommandations formulées dans des rapports publics tels que ceux de la Commission de vérité et de réconciliation et de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Sonder est un engagement réflexif avec un lieu par le biais d’un processus d’écoute active qui privilégie l’être-dans-le-monde.
David Beattie, dans sa préface à « Listening to Places » du compositeur Robin Parmar.
Arrière-plan

Contexte
Le 8 février 2022, lorsque j’ai publié l’épisode 100, Journal d’hiver revisité, du balado conscient, j’ai mentionné que je faisais une pause pour étudier la décolonisation et, entre autres, pour ‘apprendre à désapprendre’.
C’est ce que j’ai fait.
Le 15 mars 2022, j’ai écrit un article pour le site Artists and Climate Change intitulé Rise Up, Dissent, and Disassemble, dans lequel je suggérais que ‘le secteur artistique a la capacité de faire évoluer les cœurs et les esprits et sera au cœur d’un programme de transformation’ de la crise écologique.
Je maintiens cette affirmation.
Le 6 juin 2022, j’ai publié cette déclaration sur les médias sociaux :
Je ne sais pas si ou quand je produirai des balados conscient. Je ne vois pas l’intérêt de partager plus d’infos ou de sensibilisation. Ce qui m’intéresse maintenant, inspiré par le Dr Vanessa Andreotti, c’est de savoir comment sortir de la modernité par des connexions métaboliques. Je ne sais pas encore très bien à quoi cela ressemble…
Je le sais maintenant (ou du moins j’ai trouvé un moyen de l’explorer).
Qu’est-ce que la modernité sonore ?
Le 16 septembre 2022, j’ai eu le privilège de recevoir une subvention ‘Semer’ du Fonds d’innovation stratégique du Conseil des Arts du Canada pour produire la saison 4 de mon balado conscient intitulé ‘Sonder la modernité : méditations sonores hebdomadaire de 5 minutes’, publié les dimanches, du 1er janvier au 31 décembre 2023, en anglais et en français.
Chaque épisode explore une problématique complexe et comprend une question à laquelle les auditeurs peuvent répondre de la manière qu’ils souhaitent : mots, images, sons, vidéos, etc. via le site web conscient ou sur les médias sociaux conscient. L’idée est de créer un forum informel pour apprendre et désapprendre. Je m’engage à faire de mon mieux pour répondre à chaque proposition et, avec les autorisations nécessaires, à publier certaines d’entre elles dans le bulletin conscient.
Mon objectif avec ‘Sonder la modernité’ est d’explorer ce à quoi ressemble la modernité, comment elle nous affecte et comment « créer les conditions pour que d’autres mondes possibles émergent dans le sillage de ce qui est en train de mourir », comme suggéré dans ‘Preparing for the end of the world as we know it’ par le Gesturing Towards Decolonial Futures, un groupe d’universitaires et de chercheurs dirigé par le Dr Vanessa Andreotti, auteure de Hospicing Modernity. Le travail du collectif GTDF a fortement influencé mon approche de ce projet et je leur suis profondément reconnaissante pour leur sagesse et leur soutien.
Qu’est-ce que j’entends par modernité ?
Quelle modernité ? Je ne parle pas de l’art moderniste ou du modernisme en tant que style (même si je suppose que cela peut en faire partie). Je parle de l’ère moderne basée sur le capitalisme extractif, la surconsommation, la croissance sans fin, le racisme systémique, la suprématie blanche, la séparation de la nature, etc.
Je veux étudier les différentes interprétations de la ‘modernité’ : nos styles de vie, structures, sites, êtres, créatures, habitudes, etc. soi-disant modernes, et je veux le faire en écoutant le son de la modernité.
En d’autres termes, je veux aborder certaines des causes de ce dépassement massif et violent des frontières planétaires tout en explorant comment nous pouvons préserver certains des avantages de la modernité, sans la destruction.
Mon objectif avec Sonder la modernité n’est pas de trouver des solutions à court terme, ni de vous aider à vous sentir mieux face à l’état du monde. Je vous propose plutôt, avec beaucoup d’humilité et de respect, de vous arrêter 5 minutes chaque semaine pour écouter une œuvre sonore qui aborde une question, une situation, un dilemme, un problème, une impossibilité, mais aussi pour célébrer, préserver et nourrir des possibilités.
Je vous invite à ‘rester avec le problème’, une citation bien connue du Dr Donna J. Haraway, et à suivre le conseil du Dr Vanessa Andreotti de ‘faire de la place pour le bon, le mauvais, le laid et le désordonné, à l’intérieur et autour’.

De l’atténuation à la régénération
Lorsque j’ai lancé le balado conscient en 2020, j’étais surtout dans un état d’esprit d’atténuation et de déficit d’information. Je pensais qu’en sensibilisant les gens et en partageant leurs connaissances, les artistes pourraient apporter un éclairage et aider à trouver des solutions à la crise écologique. Cette intention reste valable, mais je suis maintenant passé à un état d’esprit de ‘régénération’, dans lequel j’accepte l’inévitabilité de l’effondrement des systèmes sur la base des comportements passés (beaucoup sont déjà en train de se produire) et je concentre mes efforts sur des stratégies d’adaptation et de régénération à plus long terme.
Extrait d’un reportage vidéo réalisé lors du cours Facing Human Wrongs, Unlearning Bundle Unit 3 – Denial of Unsustainability, 5 juillet 2022, Duhamel, Québec (photo de Claude Schryer)
Le son de la modernité ?
Nous faisons partie d’un métabolisme beaucoup plus large, et ce métabolisme est malade. Il y a beaucoup de merde à gérer pour nous : personnelle, collective, historique, systémique. Nos fragilités en sont une grande partie. Cette merde doit passer, afin qu’elle puisse être compostée dans de nouvelles formes de vie, qui ne sont plus basées sur l’illusion de la séparabilité.
Collectif Gesturing Towards Decolonial Futures
Sans en être conscient, j’ai toujours ressenti la ‘maladie métabolique’ à laquelle le collectif GTDF fait référence ici et j’ai toujours été intuitivement attiré par la musique électroacoustique, avec son potentiel de transformation pour servir de miroir acoustique à l’intersection de la réalité, de la fantaisie et de l’esprit.
Au cours de ma carrière de compositeur et d’artiste sonore, j’ai développé un style de ‘composition de paysages sonores’ qui combine la superposition du contexte (enregistrements de terrain) et de l’abstraction (musique électronique et instrumentale) – souvent avec une narration observationnelle ou poétique.
Le langage artistique de ‘Sonder la modernité’ développe ce vocabulaire avec un mélange de narration au rythme lent et de longs silences qui sont entrelacés avec des enregistrements de terrain et/ou des compositions de paysages sonores nouveaux ou d’archives. Chaque épisode comporte une combinaison des éléments suivants :
- présentation du sujet (ce qu’il est et pourquoi il m’intéresse)
- enregistrement(s) de terrain nouveau(x) et/ou d’archives qui illustrent ou évoquent le sujet
- réflexions et aperçus sur la nature de ce son
- transformation ou altération de ce son par des techniques de composition de paysages sonores qui suggèrent des perspectives alternatives ou nouvelles.
- réflexions et idées sur le(s) son(s) transformé(s) et sur la manière dont ils peuvent soulever de nouvelles questions.
- invitation pour les auditeurs à s’engager dans une question sur un problème ou un concept qui peut être téléchargé sur le site web du balado conscient pour un partage et un dialogue public.
Voici une liste préliminaire de sujets que j’envisage (note : ceux-ci évolueront, y compris les réécritures, jusqu’à la fin du projet le 31 décembre 2023) :
- l’acceptation, l’esthétique, l’appropriation, la résilience climatique, l’effondrement, la complicité, le compostage, le contexte, les critères, la mort, la décolonisation de l’inconscient, le désespoir, le désinvestissement, la distance, l’éco-détresse, l’enchevêtrement, l’exploitation, l’échec, la fiction, l’éclairage au gaz, l’espoir, l’hospitalité, l’humour, l’inconsolable, la parenté, gentillesse, leadership, écoute, métabolisme, musique, mycélien, northstar, ordinaire, production, distance psychanalytique, réciprocité, réduction des dommages, réparation, résonance, grondement, séparabilité, prophétie des sept feux, corde raide, temps, transformation, incertitude, non-écoute, validation, violence, worlding, etc.

Penser, ressentir, et danser avec et à travers
Mon intention n’est pas de définir ces termes, ni de les expliquer en tant que tels, mais plutôt de m’engager à ‘donner un sens au monde’, comme le suggère la notion de ‘récits du monde’ (worlding) du Dr Vanessa Andreotti, centrés non pas sur la perfection esthétique de la forme, mais sur l’intégration de la forme et du mouvement. Elles ne sont pas censées être « pensées », mais pensées, ressenties et dansées avec et par elles ».
Note : Le terme « worlding » est utilisé par le Dr Vanessa Andreotti en référence au travail de l’écrivain Māori Carl Mika, voir ‘Indigenous Education and the Metaphysics of Presence : A Worlded Philosophy’ (Milton Park, UK : Taylor and Francis, 2017).
En d’autres termes, mon espoir est de créer des œuvres d’art sonore qui sont des ‘entités vivantes’ (avec des remerciements à ma conseillère pédagogique Azul Carolina Duque pour cette observation).
J’aime la façon dont un collègue du cours Facing Human Wrongs de cet été l’a exprimé dans un courriel du 24 octobre 2022 :
Puissent les sons et les entités vivantes des épisodes co-informer la modernité sonore et ses orientations.
J’explorerai comment s’engager dans la ‘co-information’ au cours de ce projet et comment être d’accord lorsqu’elle s’égare.
Le cours Facing Human Wrongs implique de faire face à ces problèmes systémiques complexes avec honnêteté, humilité, humour et hyper autoréflexivité, et d’apprendre à vivre avec leurs inconforts et leurs douleurs, sans tomber dans des ‘pièges’ tels que l’auto-validation, l’auto-infantilisation et l’exceptionnalisme, tout en explorant comment ‘créer les conditions pour que d’autres mondes émergent’.
Hum, c’est une phrase plutôt longue et chargée, n’est-ce pas ?
Ce que je veux dire, c’est qu’il est important d’avoir un bon état d’esprit avant d’entreprendre ce travail et d’éviter de répéter les cycles de glorification personnelle et d’auto-indulgence.
C’est difficile pour les artistes qui, comme moi, aiment les projecteurs et s’engagent souvent dans un travail autoréférentiel, mais je pense qu’il est possible de se concentrer sur l’impact de notre travail, et moins sur nos besoins personnels, pour ceux qui viennent de situations de privilège et de lutte de faible intensité.
Cartographie du collectif Gesturing Towards Decolonial Futures (utilisée avec permission)
Sobriété, maturité, discernement et responsabilité
J’ai trouvé que les 4 valeurs de la boussole illustrées ci-dessus, ainsi que les enseignements de la corde raide, sont des repères utiles pour prendre des décisions et éviter les pires écueils.
Cette boussole (et les cartographies associées) m’aide également à résoudre les problèmes éthiques et relationnels lorsque je fais des enregistrements sur le terrain, comme l’obtention de la permission implicite et explicite d’enregistrer des sons et la manière de les utiliser respectueusement dans les travaux publiés.
Le travail de Dylan Robinson, professeur à l’UBC et spécialiste des questions autochtones, notamment son livre Hungry Listening, guide également mes décisions quant à la manière et au moment d’enregistrer.
Mais qui écoutera ?
L’urgence de la crise climatique et écologique exige que le secteur des arts et de la culture active sa capacité unique d’expression créative au service d’un avenir vivable pour tous. En cette décennie critique d’action, il faut pour cela se concentrer clairement sur la justice climatique et opérer une véritable transformation des valeurs : passer du consumérisme et de l’extraction à l’intendance et à la régénération.
Leadership sectoriel des arts climatiques pour l’urgence (SCALE-LeSAUT)
Atteindre une personne à la fois est suffisant.
L’expérience que j’ai acquise en produisant 100 épisodes du balado conscient est que le public est saturé et submergé de faits et de données sur la crise écologique, mais qu’il est plus à l’aise pour s’engager, sur le plan relationnel et affectif, avec ces questions complexes par le biais d’histoires, de métaphores, d’illustrations et de connexions avec ce qu’il apprécie le plus dans la vie quotidienne.
Sonder la modernité est destiné à être accessible à tous les publics, mais il est plus susceptible d’être pertinent pour ceux qui ont déjà commencé un parcours d’apprentissage et de désapprentissage de la crise écologique, y compris la remise en question de la complicité de l’art occidental lui-même. C’est un travail difficile, qui revient à mordre la main qui vous nourrit.
Par exemple, je suis extrêmement reconnaissante d’avoir reçu la subvention ‘Semer’ du Fonds d’innovation stratégique du Conseil des Arts du Canada (mentionnée plus haut) pour ce projet afin d’engager des collaborateurs experts pour m’aider à approfondir ce travail et je les remercie du fond du cœur pour leur soutien, mais je suis néanmoins critique envers les institutions comme le Conseil qui perpétuent les systèmes coloniaux.
Mais en même temps, j’apprécie que le Conseil et d’autres bailleurs de fonds offrent des possibilités de donner aux artistes les moyens de développer un secteur artistique plus résilient, équitable, inclusif et durable et, ce faisant, une planète plus vivable. C’est le travail complexe et difficile de décolonisation et de transformation que le secteur artistique entreprend actuellement.
Par exemple, Shannon Litzenberger a écrit un essai intitulé State of Emergence: Why We Need Artists Right Nowque j’admire. Je me suis entretenu avec Shannon dans l’épisode 90 (en anglais) du balado conscient :
J’aimerais avant tout que les artistes se lancent vraiment dans l’expérimentation de leurs pratiques créatives et qu’ils partagent ce qui ressort de ces pratiques : l’apprentissage et l’expérimentation entre eux. Je pense que c’est quelque chose que nous pouvons améliorer, même en tant que communauté de créateurs d’art. Mais cela permet aussi de commencer à socialiser l’apprentissage de ce qu’est l’art en tant que système de production de connaissances, et c’est ainsi que nous commençons à nous détacher de la façon dont nous essayons de résoudre ce défi, ou de la façon dont nous essayons de penser à ce qui se passe en ce moment comme à un problème à résoudre, ce qui fait peut-être partie du dilemme et de l’art comme mode de connaissance.
J’espère que nous trouverons un moyen, ensemble, de sortir des pièges de la modernité et de créer, étape par étape, les conditions nécessaires à l’émergence d’autres mondes. Je sais que nombre de mes collègues dans le domaine des arts travaillent dur sur ce sujet. Je leur suis reconnaissant pour leur vision et leur courage.
J’aime la façon dont une autre podcasteuse et icône culturelle, Kamea Chayne, l’explique dans sa vision du projet Green Dreamer :
Explorer nos chemins vers la guérison collective, la revitalisation bioculturelle, l’abondance et le bien-être véritables *pour tous*.
Je me réfère également à ma propre expérience en écoutant des podcasts sur les questions culturelles et environnementales, qui ont le potentiel de nourrir nos esprits et de nous rappeler que nous ne sommes pas seuls à ressentir une profonde anxiété face à la crise écologique. Je suis reconnaissante envers Green Dreamer, mentionné plus haut, et aussi envers :
- Jennifer Atkinson et Facing It
- Alice Irene Whittaker et Reseed
- Catherine Ingram et In The Deep,
- Peterson Toscano et Citizens’ Climate Radio,
- Outrage and Optimism
- Emergence Magazine podcast
- Mathura « Temwa » Mahendren et Dismantling the Master’s Tools

Pourquoi maintenant ?
Le monde a besoin de vous maintenant, parce que tout ce que nous faisons cette année ou l’année prochaine vaut dix fois la même chose dans dix ans.
Emily Johnston, Loving in a Vanishing World
Parce que nous n’avons pas le choix, mais nous n’avons pas non plus besoin de nous noyer dans un état d’inertie (la vie continuera, sans ou sans « nous »).
Les artistes ont beaucoup écrit sur cette crise et sur la manière d’accroître l’impact et la résilience du secteur artistique, notamment dans des essais poignants et courageux de Dr. David Maggs et de Shannon Litzenberger (mentionnée ci-haut). Et pourtant, la société n’est pas (encore) en ‘mode d’urgence’ comme le suggère l’Unité d’urgence climatique. Nous semblons être endormis au volant du ‘confort et de l’indifférence’, comme le notait Denys Arcand dans son film de 1991 (bien que dans un contexte très différent).
Ce que j’aime dans les arts, c’est leur potentiel illimité en tant que processus de changement. Les arts peuvent à la fois réconforter les affligés, inspirer les déprimés, anticiper l’impossible, revigorer les découragés, catalyser les découragés, remettre en question nos hypothèses, etc. Les arts ont également le potentiel d’infliger des dommages, consciemment ou inconsciemment, et c’est pourquoi un ensemble de valeurs et de principes directeurs est essentiel.
Heureusement, la communauté artistique s’éveille à ces réalités avec diverses initiatives ‘vertes’ telles que Creative Green Tools Canada, Eco Scéno, Music Declares Canada, School for Climate, Conseil québécois des événements écoresponsables (CQEER) ainsi que SCALE-LeSAUT mentionné plus haut, mais une stase générale et une culture du déni demeurent la norme dans les sociétés privilégiées comme la nôtre.
Par exemple, j’ai observé cette dynamique lors du louable Sommet national de la culture organisé par le gouvernement du Canada le 3 mai 2022, où la plupart des dirigeants du secteur artistique ont parlé avec beaucoup de passion de la reconstruction du secteur artistique, tout en éludant (ou en minimisant) le fait que notre planète devient rapidement et inexorablement inhabitable…
- Comment pouvons-nous aider les gens à se mettre au diapason de ces questions complexes sans se laisser submerger et sans se reposer sur leurs lauriers ?
- Comment pouvons-nous aborder ces profondes déconnexions et nous attaquer aux causes profondes de l’effondrement imminent de la société ?
- Plus précisément : que peut faire une seule personne ?
Le rapport 20/80
Nous devons faire de la place pour le bon, le mauvais, le laid et le désordonné, à l’intérieur et autour de nous.
Dr. Vanessa Andreotti, Hospicing Modernity
En fait, nous avons des choix à faire (et des responsabilités) en tant que citoyens et artistes.
Par exemple, je raconte souvent à mes collègues comment j’ai adopté le principe du ratio 80-20 en 2021, une idée dont j’ai entendu parler pour la première fois par Kendra Fanconi, leader dans le domaine des arts et du climat.
L’idée est de consacrer 20 % de son temps et de son énergie à la réduction de son empreinte carbone et au changement des choses que l’on contrôle (moins de voyages, alimentation locale, dons à des causes utiles, recyclage, gentillesse et joie de vivre, etc.) et 80 % de son temps et de son énergie à l’action collective en faveur du changement systémique (plaidoyer, vote, coalitions, campagnes, protestations, décolonisation, réparation, soutien aux personnes qui mènent des luttes intenses, orientation de la colère vers un changement positif, etc.).
Cela permet d’alléger la pression sur nos épaules collectives, tout en concentrant notre énergie sur des actions positives à long terme.
En d’autres termes, nous devons nous engager dans un changement personnel substantiel (tout en augmentant notre plaisir de vivre) ET investir dans une transformation sociétale massive (sans nous épuiser).

Mais qu’est-ce que je peux faire ?
Ma réponse, en tant que compositeur, producteur sonore et administrateur des arts, est de créer des œuvres d’art sonore qui encouragent le public, et plus particulièrement mes collègues de la communauté artistique, à ‘ressentir et danser avec et à travers’ les pièges de la modernité et à explorer comment en sortir, ensemble, comme le suggère le Dr Andreotti.
Heureusement, je travaille avec des collaborateurs talentueux sur ce projet, notamment l’artiste Sabrina Mathews, la conceptrice web et consultante en podcast Ayesha Barmania, la conseillère pédagogique et artiste sonore Azul Carolina Duque, les conseillers en communication Ben Von Wong et Jessica Ruano, ainsi que d’innombrables familles, amis et collègues qui m’ont accompagnée dans mon parcours d’apprentissage et ont soutenu ce travail. Merci.
Lors d’une réunion du groupe d’innovation de la transition le 12 octobre 2022, l’assemblée a convenu que nous entrions maintenant dans une période de grande transition avec un ‘espoir prudent’. J’ai ajouté que ce que nous devons vraiment faire, c’est ‘gagner du temps’ grâce à nos efforts collectifs pour ralentir les dégâts tout en envisageant de nouveaux modes de vie.
Asad Rehman : La fin de l’impérialisme dans un new deal vert et radical (ep378)
Cette dynamique m’a été confirmée en écoutant Asad Rehman: The end of imperialism in a radical green new deal (ep378) (en anglais) sur Green Dreamer qui a dit :
Ma devise est qu’il n’y a pas de moment de défaite finale dans tout cela. Nous devons mesurer notre travail à l’aune des catastrophes que nous prévenons, à l’échelle des vies de nos populations dans le Sud. Et pour moi, chaque jour, je me lève et je me dis que c’est ce que nous faisons. Ce n’est pas que nous essayons d’empêcher cette crise. Nous essayons d’empêcher cette crise d’empirer. Et elle peut devenir beaucoup, beaucoup plus grave.
et…
Je dirais une citation, non pas d’un de nos amis, mais en fait d’un de nos ennemis, l’architecte du néolibéralisme, Milton Friedman, qui a dit : « Seule une crise, réelle ou perçue, produit un véritable changement. Notre objectif est de maintenir nos idées et nos politiques en vie pour le moment où l’impossible politiquement devient inévitable politiquement. Et nous, et notre vision, sommes le politiquement inévitable.
Chaque jour maintenant, lorsque je me lève et que je pars, mon objectif est également d’empêcher cette crise de s’aggraver.
Prochaines étapes
Alors… si vous voulez vous joindre à moi, il y a trois façons de vous abonner aux médias sur https://www.conscient.ca/sabonner/?lang=fr :
- Le bulletin hebdomadaire de conscient qui vous permet de recevoir des notifications sur les nouveaux épisodes, certaines de mes réponses aux soumissions, des nouvelles de la communauté, etc.
- le conscient podcast en anglais ou le balado conscient en français, sur votre lecteur de balado préféré tel que Apple Podcasts, Spotify, Google Podcasts, etc. et/ou
- la chaîne YouTube de conscient pour voir une version vidéo du balado ainsi que des clips promotionnels de 30 secondes.
Vous pouvez également suivre les médias sociaux de conscient sur Facebook et Instagram @conscientpodcast.
J’écrirai sur mes apprentissages et désapprentissages dans le bulletin d’information conscient et dans des blogues occasionnels, tel mon discours d’ouverture au World Forum for Acoustic Ecology le 24 mars 2023.
Les commentaires et les critiques sont toujours les bienvenus, dans l’espace public ou en privé (claude@conscient.ca).
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